About my life in Armenia, about being a mom and an activist, working for women's rights.
The challenges and benefits of raising a family in a post-soviet republic.
Finding a place, my place and calling it HOME.

14.8.09

histoires shushiesques de femmes- 1ere partie

Nano avait 15 ans quand la guerre s’est terminée et Shushi essayait de reprendre des couleurs. Elle ne savait rien de ces ruelles. Elle essayait d’oublier la peur, le danger. Elle voulait s’adapter à cette ville de fantômes.

La mère ne voulait rien savoir. Elle avait un regard vide, qui mettait Nano dans une complète désuétude. Elle venait d’une grande ville lointaine, dont elle ne prononcerait plus jamais le nom. Elle ne voulait plus rien savoir du passé, du présent et du demain. Elle roulait ces cheveux gris en une petite couronne et essayait de lisser sa jupe noire plissée aux cotés. Elle regardait souvent les paumes de ses mains vieillies les serrait fort pour cacher les souvenirs, les peines, les blessures. Puisque ces mains avaient fait tellement de choses dont elle n’était pas fière. La vie parfois nous emmenait vers des recoins sombres ou la réalité devient tout autre ou les conventions n’existent plus, ou la dignité est échangée facilement pour sauvegarder la vie incurable.

-Maman je reviens tout de suite, ça ne sera pas long, je t’assure. Dadi Arus a dit qu’on pouvait trouver de belles tasses en céramique pour le thé. Je reviendrai avant le soir, t’inquiète pas ma chérie.

Nano savait très bien que sa mère adorait le thé et toute la cérémonie qui entourait cet élément important qui demeure le seul inchangé de toute sa vie. Mais elle savait aussi combien elle détestait boire ce thé dans ces petites tasses en métal que quelques soldats avaient laissé derrière eux avant de partir vers le front. Le métal donnait un gout amer au thé et la frustration était insupportable. Nano savait que sa mère ne sourirait plus jamais, par peur peut-être de montrer ses dents jaunies. Mais elle savait aussi que ce thé bu dans une belle tasse de céramique lui changerait un peu les idées et lui donnerait espoir que la vie peut encore être agréable.

La gigouli attendait au coin de la rue. Une petite verte ancienne avec des sièges en cuir noir. Dadi Arus s’impatientait.
- Nano jan, vite aghchi jan, il faut être de retour avant la nuit, sinon…
Nano s’est vite lancée dans la gigouli et hop la petite voiture a disparu derrière les immeubles en lançant au passage toute la poussière du monde.
La mère n’avait pas trop d’attentes pour le futur. Tout semblait noir en ce moment, même le sourire de sa fille si joyeuse l’attristait énormément.

No comments:

Post a Comment