About my life in Armenia, about being a mom and an activist, working for women's rights.
The challenges and benefits of raising a family in a post-soviet republic.
Finding a place, my place and calling it HOME.

23.2.10

histoire d'une naissance - 1ere Partie

(ce texte a été publié dans le recueil "Special Residency Status: 18 tales from Armenian Repatriates", 2008. Je raconte l'experience de mon accouchement en Armenie.)


A l’hôpital Erebuni tout est vieux, gris et triste sauf cette chambre d’accouchement ou tout est blanc propre et lumineux...

Mais la route qui mène à cet endroit, aussi vielle que l’ère soviétique est presque impossible à décrire.

Imaginez une longue route, mal pavée, avec plein de nids de poules, imaginez que vous prenez cette route assise dans un vieux taxi gigouli, qui a chaque petit trou fait un grand saut et atterrit douloureusement avec un bruit fracassant. Imaginez toute la misère qui déroule devant vous, à travers la petite fenêtre soudée. Imaginez un chauffeur de taxi qui ne cesse de maudire ces rues et se plaint de ce gouvernement qui ne fait jamais rien pour son peuple, qui regrette le passé et toutes ses splendeurs. Et imaginez surtout que vous avez entrepris ce long voyage vers l’hôpital, enceinte, en douleurs, les eaux coulant entre les jambes, les contractions arrivant à toutes les cinq  minutes, haïssant l`humanité entière ainsi que les dieux d`avoir créer la femme ainsi, reproductrice de douleurs, maudissant avec rage, placenta, utérus et vagin, zygote et sperme et tout ce qui l’accompagne!

Mais, tout a débuté tranquillement, en un joli matin printanier, sur ce singulier rue Tigran medz, à Erevan...

 - Raffi, je pense qu`il faut appeler diguine Anna, je sens des tiraillements dans le bas ventre. Penses-tu que c’est le moment ?

Je m’étais réveillée très tôt le matin vers les 4hres pour aller aux toilettes. Il faisait encore noir, mes deux fillettes dormaient d’un sommeil d’ange dans leur chambre.
Varanta souriait. Elle était tellement belle, si sage dans son profond sommeil.

Amassia, ma grande, celle qui s’inquiète de tout et surtout de la santé de sa maman, avait changé de place, elle préférait dormir dans le lit de sa petite soeur.

Je n’avais pas beaucoup de temps, il fallait que j’aille aux toilettes. Une fois sortie, je sentais toujours du liquide couler entre mes jambes. J’étais assez lourde, vers la fin du 9e mois, mes jambes me faisaient mal et là ce matin, des crampes dans mon bas-ventre.   Le 3e, on a décidé de l’avoir ici en Arménie, une folie peut-être, loin du confort paresseux des hôpitaux canadiens, loin des parents, loin du précis.

Maman m’a appelée hier, elle s’inquiétait à mon sujet, elle craignait le pire. Qu’allais-je faire? Bien j’ai dit : « trop tard maman, des enfants naissent en Arménie, tous les jours, je ne vois pas pourquoi tu t’inquiètes. Tout ira bien. » En lui parlant, j’essayais aussi de me réconforter. Durant les dernières semaines, je paniquais aussi, le doute me harcelait. Le médecin était le seul qui me donnait courage, David Levonovich était un jeune gynécologue qui passait le temps nécessaire pour mettre ses patientes à l’aise. C’était le sourire dans la noirceur!

-       Lar, ça va?- Raffi a moitié endormi, s’est planté devant moi, dans le corridor. J’avais pris du temps aux toilettes. Il s’en était inquiété.
-        
-       Raff, je pense qu’il faut appeler David, je sens quelque chose de différent, là en bas.

Diguine Anna, qui gardait nos filles, depuis 2 ans, arriva quelques minutes plus tard, toute excitée.


Le taxi etait là.
Il était très tôt encore, il n’y avait personne dehors, une chance! Ce n’était pas une de ces journées où j’aurai aimé être regardée, fixée par tous les passants. A vrai dire, j’étais aussi une vraie spectacle; les tresses jamaïcaines longues que je m’étais faites au Canada chez
Afro coiffure, soi-disant pour faciliter les choses de tous les jours, assez pratique comme coiffure, une grosse ventre, le visage joufflu, les jambes ouvertes, à la marche dodelinante et la sécrétion liquide qui coulait à petits jets.

(A suivre)

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