About my life in Armenia, about being a mom and an activist, working for women's rights.
The challenges and benefits of raising a family in a post-soviet republic.
Finding a place, my place and calling it HOME.

25.2.10

asylum

Note: I wrote this 2 years ago as an introduction text on the activists blog site of www.pushingthelimits.se

While driving back from Shushi, NKR  (a disputed region between Armenia and Azerbaidjan), I was thinking about the long journey that took me back home. I am an Armenian woman born in Beirut, Lebanon who fled away just after the war of liberation in 1989 when general Aoun wanted to liberate Lebanon completely from the Syrian long-lasting occupation. I was 15 at that time and having a blast camping in the basement of our local church every night after 6 with all the neighbors, while the city was bombarded. Even though the adults in that room were stuck to their radio listening every bit of information with frowning eyes and whispering every now and then ‘ts, ts, ts’ (a middle eastern way of saying ‘oh my god it’s so bad’), guessing which part of the city was under fire or which building was collapsing it did not affect as much us the youth in that same room who were more into playing board games, listening to music and falling in love…

After our apartment was hit with a shell bomb and we almost lost everything, my mother packed all our remaining belongings and her jewels who took us, me, my two brothers and my father to peaceful and ‘politically correct’ Canada. And while sitting in a very calm, nicely colored with perfect benches public park of Montreal, waiting for my dad to pick me up after school, it hit me really bad. I almost collapsed under the tears and cried so hard. Culture shock, post-traumatic syndrome, effects of war, depression, nostalgia, fears… different people called it different names; I call it ‘the awakening’. My life had change drastically.

Due to the genocide that took place in the early 20th century, my grand parents had escaped from their homeland, currently eastern Turkey to finally take refuge in Lebanon. My parents were both born in Beirut and they considered both Armenia and Lebanon as their homeland (as every other diasporan Armenian).

The road taking me back from Shushi to Yerevan, is long and tiring full of potholes. I try to find a comfortable position in the small mashrutka (public transportation, soviet mini-bus) and to sleep, but the large mountains mesmerize me, the only thing Armenia has plenty of. I watch the women working in the fields of the Massis region through my small window; everything seems so quite and serene.

I remember how I finally moved to Armenia six years ago with my husband and 2 daughters despite my mother’s tears and father’s ‘ts, ts,ts’.  I was tired of being a refugee, a guest, a foreigner, I wanted to come back to my roots, try to build a steady, sustainable life on this land called ‘home’. It was also six years ago when with two of my feminist friends Gohar and Shushan, we started a drop-in women’s center in a very tight and dusty old soviet room on the Yerevan State University campus. At first we were 3, then we became 10, then 21. Today we moved to a new location and the center’s activities are getting bigger and bigger, the volunteers are growing in number and age.

We started a new Women’s Resource Center in Shushi, a sister branch. I make the 6 hour trip almost every month and I often think about this amazing journey from the heat of Anatolia, through the fresh breeze of the Mediterranean Lebanese seashore, across the colorful benches of the green parks of Canada to the mysterious mountains of the Caucasus.

Armenia – 10 sept.2008

23.2.10

histoire d'une naissance - 1ere Partie

(ce texte a été publié dans le recueil "Special Residency Status: 18 tales from Armenian Repatriates", 2008. Je raconte l'experience de mon accouchement en Armenie.)


A l’hôpital Erebuni tout est vieux, gris et triste sauf cette chambre d’accouchement ou tout est blanc propre et lumineux...

Mais la route qui mène à cet endroit, aussi vielle que l’ère soviétique est presque impossible à décrire.

Imaginez une longue route, mal pavée, avec plein de nids de poules, imaginez que vous prenez cette route assise dans un vieux taxi gigouli, qui a chaque petit trou fait un grand saut et atterrit douloureusement avec un bruit fracassant. Imaginez toute la misère qui déroule devant vous, à travers la petite fenêtre soudée. Imaginez un chauffeur de taxi qui ne cesse de maudire ces rues et se plaint de ce gouvernement qui ne fait jamais rien pour son peuple, qui regrette le passé et toutes ses splendeurs. Et imaginez surtout que vous avez entrepris ce long voyage vers l’hôpital, enceinte, en douleurs, les eaux coulant entre les jambes, les contractions arrivant à toutes les cinq  minutes, haïssant l`humanité entière ainsi que les dieux d`avoir créer la femme ainsi, reproductrice de douleurs, maudissant avec rage, placenta, utérus et vagin, zygote et sperme et tout ce qui l’accompagne!

Mais, tout a débuté tranquillement, en un joli matin printanier, sur ce singulier rue Tigran medz, à Erevan...

 - Raffi, je pense qu`il faut appeler diguine Anna, je sens des tiraillements dans le bas ventre. Penses-tu que c’est le moment ?

Je m’étais réveillée très tôt le matin vers les 4hres pour aller aux toilettes. Il faisait encore noir, mes deux fillettes dormaient d’un sommeil d’ange dans leur chambre.
Varanta souriait. Elle était tellement belle, si sage dans son profond sommeil.

Amassia, ma grande, celle qui s’inquiète de tout et surtout de la santé de sa maman, avait changé de place, elle préférait dormir dans le lit de sa petite soeur.

Je n’avais pas beaucoup de temps, il fallait que j’aille aux toilettes. Une fois sortie, je sentais toujours du liquide couler entre mes jambes. J’étais assez lourde, vers la fin du 9e mois, mes jambes me faisaient mal et là ce matin, des crampes dans mon bas-ventre.   Le 3e, on a décidé de l’avoir ici en Arménie, une folie peut-être, loin du confort paresseux des hôpitaux canadiens, loin des parents, loin du précis.

Maman m’a appelée hier, elle s’inquiétait à mon sujet, elle craignait le pire. Qu’allais-je faire? Bien j’ai dit : « trop tard maman, des enfants naissent en Arménie, tous les jours, je ne vois pas pourquoi tu t’inquiètes. Tout ira bien. » En lui parlant, j’essayais aussi de me réconforter. Durant les dernières semaines, je paniquais aussi, le doute me harcelait. Le médecin était le seul qui me donnait courage, David Levonovich était un jeune gynécologue qui passait le temps nécessaire pour mettre ses patientes à l’aise. C’était le sourire dans la noirceur!

-       Lar, ça va?- Raffi a moitié endormi, s’est planté devant moi, dans le corridor. J’avais pris du temps aux toilettes. Il s’en était inquiété.
-        
-       Raff, je pense qu’il faut appeler David, je sens quelque chose de différent, là en bas.

Diguine Anna, qui gardait nos filles, depuis 2 ans, arriva quelques minutes plus tard, toute excitée.


Le taxi etait là.
Il était très tôt encore, il n’y avait personne dehors, une chance! Ce n’était pas une de ces journées où j’aurai aimé être regardée, fixée par tous les passants. A vrai dire, j’étais aussi une vraie spectacle; les tresses jamaïcaines longues que je m’étais faites au Canada chez
Afro coiffure, soi-disant pour faciliter les choses de tous les jours, assez pratique comme coiffure, une grosse ventre, le visage joufflu, les jambes ouvertes, à la marche dodelinante et la sécrétion liquide qui coulait à petits jets.

(A suivre)